INSTANTALA*
Je travaille sur la notion d'instantanéité. La brièveté d'un instant, son apparition et sa disparition, sont la base de mon travail.
Le flou, le net, le visible, l'invisible, l'équilibre, le déséquilibre l'ombre et la lumière sont mes médiums.
La vidéo projection associée à un volume est l'outil le plus souvent utilisé.
Je m'intéresse au temps que l'on accorde aux choses, au temps que l'on prend pour regarder. Ce que je donne à voir peut paraître, au premier regard, absent, invisible.
Au moment de voir, le "regardeur" est dans une position unique. Jamais plus il ne verra de la même manière, sous le même angle, avec la même lumière, le même état d'esprit. Chaque instant de chaque journée est unique. Mon travail accorde la même importance au lieu qui accueille qu'à la pièce produite, car, ensemble, ils font de cet instant un moment. Le moment où notre regard voit.
Je capte des vidéos, toujours issues de mon quotidien. Les images ensuite projetées ne sont pas le fruit de simulations, elles existent, je ne fais qu'attendre leur rencontre, pour les enregistrer avec ma caméra. Le lieu de vie est le réceptacle où les choses invisibles se rendent visibles. Les lieux de vie et d'exposition me donnent à penser, me nourrissent.
Des sensations que l'on a ressenties, des choses que l'on a vues, des idées que l'on a eues qui sont en nous, qui ont leur place quelque part dans notre être mais qui semblent invisibles, oubliées sont les narrations de ces installations. Les vidéos que je produis sont des boucles sans début ni fin qui réactivent ces souvenirs enfouis. Tel le souvenir, ces vidéos sont souvent habitées de personnages flous, une présence absente à moins que se ne soit une absence présente.
Nous sommes tous habités par des êtres qui nous manquent mais qui n'échappent pas au souvenir. Ces vidéos s'apparentent à ces souvenirs. Le temps, inévitablement lié à cette notion de souvenir, rentre forcément en compte dans cette démarche où ce qui est donné à voir est mouvant, disparaît pour réapparaître sous une autre forme.
Libre d'interprétation, le "regardeur" se trouve face à mes fantômes, face à ses fantômes. Mon travail privilégie l'histoire universelle à la petite histoire personnelle.
*Instantala signifie "momentané" en langue Espéranto.